Léger et sobre, un bel objet très qualitatif.

L'Apple Vision Pro est un semi-casque de réalité dite mixte, soit un produit qui mêle la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

En clair, cela permet de profiter du meilleur des deux mondes, mais comme toujours avec ces techniques, deux écueils principaux sont à éviter :

Le premier, c'est les limitations actuelles du matériel qui compromettent une immersion agréable : résolution trop faible, mauvaise détection du regard, sonorisation imparfaite, inconfort, voire malaise, câble dérangeant ou autonomie trop faible, tels sont les désagréments couramment rencontrés.

De ce côté-là, et comme souvent avec Apple, les choses ne sont pas faites à moitié : le semi-casque, n'est pas lourd (merci la batterie externe à porter à la ceinture) et plutôt confortable, un peu comme des grandes lunettes de ski.

Ensuite, la navigation se fait, après une phase de calibration, par le regard ! Comprenez qu'il vous suffit de regarder une icône et de pincer deux doigts pour la lancer... à noter que la reconnaissance vocale est aussi disponible, mais qu'elle parait presque surannée dans cet environnement !

Techniquement, tout ceci prend vie grâce à trois écrans haute définition, douze caméras (oui, douze !) six microphones et cinq capteurs pour suivre le mouvement des mains, des yeux, et un scanner LiDAR pour mesurer précisément les distances... Le tout mu par deux puces maison (Apple Silicon M2 et R1) et orchestré par un système d'exploitation dédié, VisionOS, le bien nommé !

La partie matérielle ne déçoit donc pas : c'est confortable, précis, avec un affichage de très grande qualité, et les nouveaux gestes fonctionnent, ce qui élimine cette agaçante impression de tâtonnement, que l'on ne rencontre que trop dans la réalité virtuelle.

Le second écueil, crucial, celui où se jouera sans doute l'avenir proche de la réalité virtuelle en général, c'est celui des applications :

À part quelques jeux et un métavers décevant qui ne sert pas à grand-chose pour l'instant, les réalités augmentées et virtuelles servent surtout aux professionnels et aux pilotes de drones, c'est d'ailleurs dans cette direction que vont les autres grands qui s'y sont frottés, Microsoft (Hololens) et Google (Glass), mais pas Apple...

La firme de Cupertino a tout simplement décidé que le VisionPro serait un... ordinateur spatial !

Et c'est là que se situe toute la différence.

À l'essai, la ressemblance saute (littéralement !) aux yeux ; les icônes sont celles de l'écosystème Apple, ses applications aussi : Apple TV, Music, Safari, Photos, Messages, Mail, tout cela danse devant vous, comme flottant au milieu de l'endroit où vous vous trouvez...

Alors, OK pour écouter de la musique, ou visionner un film sur un écran, y compris géant et panoramique.

Bon aussi pour lire des mails ou des SMS, voire pour surfer sur le Web, ce qui est déjà pas mal. Mais qu'en est-il de la productivité ? Comment écrire, calculer, retoucher des photos ? Sans même parler des applications dédiées, pour l'instant logiquement peu nombreuses, puisque le casque n'est pas encore commercialisé.

Reste encore un élément qui fait couler beaucoup d'encre, mais qui ne parrait pas choquant, du moins dans l'univers Apple : le prix !

À 3.500 $, le VisionPro n'est pas à la portée de toutes les bourses, mais ce n'est "que" deux fois le prix d'un iPhone 14 Max, et quand on additionne le matériel présent et sa qualité, ce n'est pas excessif.. En comparaison, c'est plutôt l'iPhone qui le serait, mais c'est une toute autre histoire.

À notre avis, ce n'est pas le prix qui va décider de l'avenir d'un tel produit, mais surtout ses usages : si c'est un simple gadget de plus (comme beaucoup de casques de VR abordables qui ne servent finalement qu'a jouer) cela semble compromis, et ce d'autant que l'univers d'Apple n'est pas le favori des gamers passionnés.

Mais si, comme le prétend le constructeur, le VisionPro est vraiment un ordinateur spatial avec la polyvalence promise, alors la firme de Cupertino rééditera sans doute le coup de l'iPhone, et dans une moindre mesure, celui de l'Apple Watch : ne pas dégainer le premier, mais viser au cœur avec un produit si bien fait qu'il ne laissera que des miettes à la concurence...